ASSOC.PROTECTION DEFENSE DE L'ENVIRONNEMENT DE BOURG FIDELE
Denise SCHNEIDER, présidente
 Nouvelle adresse en Belgique : 39, L.Walravenslaan  1700 Dilbeek
 
 
Le 26.04.2007
 
Commission Européenne .DGE ENV.A2 Infractions
Julio GARCIA BURGUES, Bureau BU-9 1/14
200, rue de la Loi, 1049 BRUXELLES
 

Plainte N°2006/4743 : Manganèse aux robinets de  Revin et dans les eaux souterraines ardennaises.

 

Monsieur,

Votre courrier du 2 avril 2007 traite trop légèrement de la pollution des eaux européennes. Notre association, et l’association allemande de malades de l’environnement, dont  je suis vice- présidente, s’inquiètent fortement des pollutions aux  métaux lourds, et aux  métaux traces, dont par exemple le manganèse.

On retrouve –parmi d’autres- ce puissant neurotoxique, générant la maladie de Parkinson de type inguérissable,  sur notre site de Bourg Fidèle, et de plus en plus sur d’autres sites.

La Commission Européenne (CE) est désinformée, et IGNORE UN DRAME HISTORIQUE.

1.      La CE nous écrit : «  les autorités françaises ont confirmé à la CE, par une note en date du 23 février 2007, que les analyses de l’eau au robinet des consommateurs dans la commune de Revin n’ont pas mis en évidence la présence de manganèse. Plus spécifiquement, les concentrations maximales en manganèse mesurées en 2005 et 2006 ont toutes été inférieures à 2 µg/l… »

2.      Un article dans le journal l’Ardennais, daté du  7 avril 2006, révèle pourtant des taux inquiétants de manganèse, dans l’eau des robinets de Revin, très au- dessus de ce que votre courrier  mentionne. Cet article, ci- joint (1), révèle des taux de 60 à 90 µg/l…Un expert de la Générale des Eaux, M. DEFFAUT,   affirme (faussement) dans l’Ardennais : « on est dans la norme…cela n’engendre pas de problèmes de santé ». Vous indiquez vous- même un seuil de 50 µg/l. Bourg Fidèle est à 10 km à l’amont de Revin.

3.      Les autorités françaises ne disent pas la vérité, et la Générale des Eaux fuit ses responsabilités.

4.      Le manganèse n’est pas seul en cause : Métal Blanc rejette du fer, du zinc, de l’étain, du plomb, parmi d’autres  toxiques, comme un document DRIRE du 26 janvier 1998 l’atteste. Un courrier de la Préfecture du 18 décembre 2003 (2)  révèle un taux de fer dans les eaux souterraines de  39.200 µg/l, sous le PZ3 (Piézomètre 3) en  juin 2003, « pour revenir à 15.800 µg/l en août 2003 ». La Préfecture n’est nullement alarmée ; en 2004, ce taux de fer arrive à 995.000 µg/l, toujours sous le PZ3. (3). Le taux de fer arrive à 1 million et demi de µg/l dans l’eau de source du lieu-dit le Grand Hongréau, 1km 800 à l’aval de l’usine

5.      L’eau du bassin de Witacker à Revin contient déjà en 1999 « des teneurs de fer en concentration légèrement au- dessus de la norme », soit 250 µg/l, seuil 200, selon une page d’une  revue distribuée par la mairie de Revin. En 2002, ce taux est monté à 278 µg/l. (4)

6.      Le taux de manganèse  du  bassin précité -selon cette revue-  arrive à  50 µg/l en 2002, on est au seuil. Nous ignorons les taux actuels de l’eau du bassin de Witacker, les politiques n’en font aucune publicité. Le bassin de Witacker est une réserve potentielle d’eau potable, qui se  déverse dans la Meuse, et ses sédiments sont hautement pollués, notamment à l’arsenic, au cadmium, au cuivre, au nickel… selon une étude menée officiellement par l’IRH, ou Institut de Recherches Hydrologiques. La pollution par Métal Blanc – sur Bourg –Fidèle- est reconnue par la justice, qui  a condamné Métal  Blanc à une amende de 100 .000 euros, et les anciennes fonderies sont mises hors cause, pour ce type de pollution.

7.      Vous affirmez « que les captages alimentant la commune de Revin sont totalement indépendants, d’un point de vue hydrologique, des masses d’eau souterraines de la région de Bourg Fidèle ». Vous n’en fournissez aucune preuve ; le schéma fourni par ANTEA (5) montre la descente des eaux superficielles et souterraines vers Revin. D’ailleurs, un hydrogéologue  –agrée par le tribunal- relève en 2002 « une insuffisance des études réalisées » ; « cette insuffisance porte … sur la migration des polluants dans le sol vers la nappe phréatique…les pollutions particulaires atmosphériques ne semblent pas prises en compte. ». (6)

La CE tente de nier la pollution.

1.      La CE  ignore que les eaux de ruissellement  peuvent contaminer les eaux souterraines. Un petit exemple, ci- joint : un ancien directeur de Métal Blanc explique, dans un rapport du 13 juillet 99, que les rejets d’eaux pluviales augmentent les concentrations de plomb « en amont de l’usine ». (6bis) .Le professeur François RAMADE, le célèbre écotoxicologue de la Faculté d’Orsay, insiste -dans un rapport destiné à la Justice- sur les infiltrations d’eaux de surface polluées, vers les nappes souterraines, s’agissant des taux surréalistes de manganèse, dans les puits de Bourg- Fidèle. Ces taux sont divulgués par ANTEA,  l’organisme financé par Métal Blanc  .On arrive –en 1998- à 3,98 mg/l, soit 3980 µg/l dans les eaux souterraines,  « à proximité du bassin d’eau pluviale ». Dans les puits du village, en outre, les taux de manganèse  sont considérables, des milliers de fois au- dessus du seuil. La Préfecture veut  ignorer la question, prétextant  que ces puits ne sont pas en contact avec les rejets directs de l’usine, mais ignorant les infiltrations des eaux de pluie polluées.

2.      La CE écrit : «les documents en possession de la Commission …ne permettent pas d’identifier un quelconque rejet ». Il s’agit de  Métal Blanc, qui vient encore d’augmenter sa production, sans autorisation. Mais la Préfecture « régularise » actuellement l’infraction. La justice française évoque « une avalanche de preuves », à la  séance de la Cour d’Appel de Reims du 3 octobre 2006. Il est surprenant qu’une pollution majeure et historique (depuis plus de trente ans) comme celle de Métal Blanc ne laisse pas de trace à la CE, selon « les documents en possession » de cet organisme, que nous alertons depuis 1998.

3.      Selon l’arrêté d’extension N° 4366 que vous mentionnez, Métal Blanc est autorisée à rejeter jusqu’à 0,24 mg/l de cadmium, soit 240 µg/l, et  jusqu’à 0,25 mg/l de plomb, soit 250 µg/l dans un ruisseau non domanial tel que la Murée. Il s’agit de taux considérables, dépassant de loin les normes de potabilité de l’eau. Pour le plomb, la norme de  potabilité est de 25 µg/l, -bientôt 10- et pour le cadmium,  5 µg/l. Un peu de purin dans la Murée est un motif de procédure, mais Métal Blanc peut continuer de ruiner tout un secteur, et de menacer la MEUSE, avec l’approbation de la CE, et ce, en déversant « légalement » des taux considérables de puissants toxiques, dans un ruisseau privé. 

4.      L’Etat français est en infraction avec la loi, puisque aucun rejet, avec ou sans normes, n’est autorisé dans un ruisseau non domanial. Les riverains de la Murée ne peuvent plus pêcher, plus se baigner, les bovins n’ont plus le droit de boire au ruisseau, selon des documents de la Préfecture.

5.      Une partie des toxiques n’est pas recherchée par l’usine, ni par la Préfecture, dans les rejets aqueux et atmosphériques de l’usine polluante. Le sélénium, par exemple, est « cinq fois supérieur au maximum légal dans les eaux potables », dans les eaux de la Murée, à l’aval immédiat de Métal Blanc, outre le taux de plomb, qui est « quatre fois supérieur au maximum légal », et en outre « les sulfates » sont « plus de deux fois supérieurs au maximum légal… »….Il s’agit d’analyses du printemps 2004.

6.      Quant au manganèse, plusieurs courriers de la Préfecture veulent nier ou ignorer  les origines du problème. La Gendarmerie Nationale de Rosny sous Bois a mis en évidence des taux considérables de manganèse dans l’enceinte de l’usine, et sur des camions de livraison. S’agit- il de piles, pourtant interdites à l’usine…La CE, dotée de moyens financiers ne pouvant être comparés à ceux des associations, n’est pas apte à mener la moindre des recherches, y compris sur les filières de transits frontaliers de déchets industriels, tels que les piles, contenant du manganèse. Des piles aboutissent à Métal Blanc, comme un récent courrier de la Préfecture l’évoque avec parcimonie, admettant une seule pile trouvée dans l’usine…Métal Blanc importe ses déchets.

7.      Vous évoquez  « une pollution supposée des eaux souterraines. Une source de M. Devillez, analysée par la  Chambre d’’Agriculture, au printemps 99,  contient déjà 70 µg/l de plomb, selon une enquête sur les points d’abreuvement du bétail. Les mares, les ruisseaux, une source, tout était hautement atteint. Pour cette source, la Préfecture évoque  le 2 août 2000 « d’autres sources de pollution dans les environs de l’usine ».Déjà en 1997, le plomb dans le puits de l’usine arrive à 156 µg/l, selon ANTEA (7)

Une infraction de longue date : le non confinement des remblais, menaçant la nappe phréatique.

La DRIRE, dans un rapport du 15 septembre 98, demande le confinement des remblais hautement contaminés de Métal Blanc, au- dessus de la nappe phréatique. Un courrier de la Préfecture du 9 avril 2001 (8) affirme SANS PREUVE : «  les eaux souterraines affectées  essentiellement par les polluants contenus dans les remblais …sont des eaux stagnantes…C’est parce que les polluants contenus dans ces remblais ne peuvent migrer vers d’autres milieux et ne peuvent donc avoir d’impact significatif que l’Inspection des Installations Classées a proposé d’autoriser leur confinement sur place, plutôt que leur enlèvement et mise en décharge. ».

ANTEA, dans sa synthèse, demande pourtant « de déterminer si les remblais, d’origine industrielle, constituent une source de contamination (par ruissellement et/ou infiltration) du milieu naturel et du ruisseau « (9)

Ces remblais devaient être confinés suite à l’arrêté préfectoral du 10 mai 1999. Seule une « couverture provisoire » allait être mise en place en été 2001, selon la lettre de la Préfecture du 9 juillet 2001,  malgré la promesse faite à la justice de confiner ces remblais en 2000…

La pollution par le manganèse (et le plomb, le nickel, le cadmium…) provient également de l’air, sur un rayon large.

Les analyses (10) provenant de la Répression des Fraudes, en mars 2006, et payées comme toujours par nos soins, ces analyses alarmantes montrent que les poussières sur un toit, à 1km800 de l’usine, au lieu-dit le Grand Hongréau,  sont collectées par des eaux de pluie contaminant le sol, à la sortie de la gouttière.

L’échantillon « terre » 1 Schneider contient 1,9g/kg de plomb, soit 1900 mg/kg, le seuil est de 100 mg/kg ; le cadmium arrive à 6,9 mg/kg, le seuil est de 0,8 à 2 ; le manganèse arrive à 840 mg/kg, le seuil est de 200 à 700, selon le commentaire du laboratoire, etc…

La Préfecture veut  ignorer ce grave problème d’extension spatiale de la pollution, en écrivant que « les taux diminuent quand on s’éloigne de l’usine ».

 

Plusieurs sites en France sont atteints par un nouveau toxique : le manganèse.

 

Dans le Beaujolais, ANTEA a relevé des taux très élevés de manganèse dans les eaux souterraines. (11) .On arrive à 9418 µg/l, pour un seuil de 50 µg/l. Au Grand Hongréau, sur le site de Bourg Fidèle,  le taux de manganèse dépasse 8000 µg/l dans l’eau de sources. La preuve vous est –elle  parvenue, bien évidemment le plomb, le fer, le nickel, le cadmium y sont à des taux alarmants..

Plusieurs victimes d’eaux polluées au manganèse ont gagné en justice, en France, sur des sites nouvellement atteints. S’agit-il des piles ?

Nous tenons à signifier aux générations futures l’incompétence de la CE en matière de gestion des plus graves pollutions européennes, et nous verrons qu’  une partie gangrenée ne peut pas même épargner le monde financier.

Recevez, monsieur, nos salutations distinguées.

 

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